Friday, July 27, 2012

Entrée en vigueur de lAccord de Paris quelles conséquences pour les entreprises


réduire les émissions de gaz à efffet de serre aura des conséqunces importantes pour les entreprises
L'Accord de Paris sur le climat va donc entrer en vigueur le 4 novembre, moins d'un an après son adoption et à la veille de la COP22 de Marrakech. Restera ensuite le plus compliqué : appliquer ce qui a été décidé à la COP21...
En effet l'Accord de Paris fixe des objectifs ambitieux : limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C et parvenir à zéro émissions nettes pendant la seconde moitié du siècle. Cela impose de réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. Or ces émissions sont un sous-produit d'activités aussi importantes dans nos économies que la production d'électricité, le transport ou l'agriculture...

Pour les entreprises qui exercent ces activités et pour leur salariés, la baisse rapide des émissions constitue un défi sans précédent. Comment peuvent-elles le relever ? Quels secteurs sont les plus exposés ? Petit exercice de prospective...

> Cet article est un extrait d'une étude complète sur les conséquences économiques et technologiques à long-terme de l'Accord de Paris.


Que vont devenir les activités émettrices de carbone ?


L'Accord de Paris ne fixe pas directement d'objectif d'émissions. Le GIEC a reçu pour mission d'étudier les trajectoires compatibles avec le texte dans son prochain rapport à paraitre en 2018.
En attendant, on peut évaluer que l'Accord de Paris implique une baisse de nos émissions de gaz à effet de serre d'au moins 4% par an jusqu'en 2050. Cette évaluation prend déjà une hypothèse très optimiste sur les puits de carbone anthropiques, il n'y a donc pas de deus ex-machina à attendre.

Dans ces conditions, l'avenir des différentes activités émettrices de gaz à effet de serre dépend de leur capacité, actuelle et future, à suivre ce rythme de baisse des émissions. Celles qui pourront suivre s'en sortiront, celles qui ne le pourront pas seront de plus en plus pénalisées par les politiques mises en place en application de l'Accord - taxe ou marché du carbone par exemple.

A grands traits, l'avenir des secteurs émetteurs dépend donc de trois grands facteurs : l'existence d'alternative bas-carbone, la possibilité de capter et séquestrer le CO2 et la capacité à garder des clients même dans un contexte de hausse des prix. En fonction de ces facteurs, on peut imaginer les scénarios suivants :

Impact sur les secteurs de l'économie de la baisse rapide des émissions de gaz à effet de serre après la COP21

  

Évolution, capture du CO2, disparition... la transition climatique secteur par secteur


Les premiers secteurs à subir des changements importants devraient être ceux dans lesquels des alternatives décarbonnées existent. Pour certains d'entre-eux la transition climatique est déjà en cours, c'est le cas par exemple de l'automobile ou de la production d'électricité.
Il est intéressant de noter que ces évolutions ont lieu sans modification significative de la réglementation et sans imposition d'un signal-prix par le régulateur : l'anticipation de contraintes perçues comme suffisamment crédibles suffit à engager un processus de transformation.

Parmi les secteurs dans lesquels il n'existe pas d'alternatives bas-carbone, on peut distinguer deux cas :
  • Ceux s'appuient sur des infrastructures centralisées comme les industries lourdes (cimenterie, aciérie, verrerie...), la chimie, la transformation agroalimentaire, etc.
  • Ceux pour lesquelles les émissions de gaz à effet de serre sont diffuses et/ou mobiles, par exemple l'agriculture, les transports, le bâtiment et les travaux publics, etc.
Les installations centralisées seront probablement amenées à s'équiper de dispositif de capture du carbone. Quels que soient les progrès techniques, ces dispositifs resteront intrinsèquement coûteux parce que la capture du carbone nécessite de grandes quantités d’énergie. Les coûts de ces activités augmenteront donc, encourageant une baisse de la consommation sur les produits concernés. On peut notamment s'attendre à un développement rapide du recyclage des matières premières.
Compte-tenu des coûts liés au transport du dioxyde de carbone, on peut également supposer que ces activités seront progressivement relocalisées vers des lieux offrant des conditions favorables pour le sa séquestration (géologie, relief, éloignement des grands centres urbains...).

Pour les activités où il n'existe pas d'alternative décarbonnées ni de possibilité de capture, les objectifs de l'Accord de Paris signifient qu'elles devront réduire fortement leurs émissions et puis compenser le reliquat par des puits de carbone. La quantité d'émissions négatives qui pourra être créée sera probablement faible et ces activités se retrouveront en concurrence entre elles pour les acquérir, dès lors on peut envisager deux cas :
  • Pour les activités indispensables, ce qui se traduit d'un point de vue économique par une faible élasticité de la demande par rapport au prix, les émissions devront être réduites autant que possible et le reliquat compensé par des émissions négatives ce qui conduira à une augmentation importantes des prix et à une baisse (mais pas une disparition) de la demande. On peut imaginer que l'agriculture, la construction et les travaux publics, certains usages résidentiels ou encore le transport maritime figureront dans cette catégorie. 
  • Pour les activités non-indispensables, c'est-à-dire celles qui possèdent une forte élasticité-prix, l'augmentation des coûts liés à la réduction et à la compensation des émissions fera baisser fortement la demande. Ces activités devront donc disparaitre ou se confiner à des marchés de niche. Le transport aérien et les segments de luxe ou de loisir d'autres secteurs émetteurs se retrouveront probablement dans cette situation.
L'Organisation de l'aviation civile internationale a adopté début octobre un accord qui entre parfaitement dans ce schéma puisqu'il prévoit la stabilisation des émissions du transport aérien à partir de 2020 par la compensation.

    Pas de transition climatique sans accompagnement social


    Une chose est certaine : la réduction des émissions de gaz à effet de serre implique des transformations économiques importantes - changement de technologies, changements de modèles économiques... voire disparition de certaines activités.
    De telles évolutions sont toujours douloureuses. Elles signifient que certains produits vont devenir de moins en moins abordables, des secteurs entiers vont entrer en récession, des entreprises vont disparaitre, des personnes vont perdre leurs emplois et devoir se tourner vers d'autres activités. Ce que nous voyons en ce moment, par exemple dans le secteur de l'énergie, n'est sans doute que le début et le plus facile.

    Si nous voulons réussir notre transition climatique, il est important de regarder cette réalité en face. Dans le passé, les initiatives ont souvent échoué parce que les hommes et femmes politiques qui les portaient n'étaient pas préparés à en accepter les conséquences. Oui : baisser les émissions de gaz à effet de serre, cela signifie de faire perdre leurs emplois à des dizaine de milliers de transporteurs routiers, d'ouvriers de l'automobile, de salariés de compagnies aériennes ou d'éleveurs de bétail (pour ne citer que quelques cas d'actualité).
    Pour que de telles mesures soient acceptables, il faut faire preuve de beaucoup de pédagogie mais surtout faciliter la reconversion des personnes touchées : en démocratie, il n'y aura sans doute jamais de transition climatique sans politique sociale ambitieuse.




    Publié le 14 avril 2016 par Thibault Laconde, dernière mise à jour le 25 octobre 2016



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