Mi-mars, la Chine a publié son 13e plan quinquennal. Ce document à l'appellation un peu démodée fixe les orientations économiques et sociales du pays pour la période 2016-2020.
L'énergie et l'environnement y tiennent naturellement une place importante. Et sur ces questions, les orientations du gouvernement chinois étaient très attendues : au lendemain de la COP21, alors que le secteur de l'énergie est en plein bouleversement et que la croissance chinoise ralentit, que compte faire la deuxième économie de la planète ?
Poursuite des efforts sur l'intensité énergétique
Le plan 2016-2020 fixe une limite à la consommation d'énergie chinoise : elle devra être inférieure à 5 milliards de tonnes équivalent charbon en 2020.
A première vue, ce chiffre est décevant : un objectif de 4.8 avait été annoncé en 2014. Par ailleurs, si on s'en tient aux statistiques officielles qui affichent une consommation de 3.6 en 2015, cela correspond à une simple stabilisation de l'intensité énergétique (puisque dans le même temps une croissance annuelle entre 6.5 et 7% est prévue).
En réalité cet objectif tient compte de la découverte en 2015 d'une sous-évaluation massive de la consommation de charbon chinoise.
Un fois les statistiques corrigées, l'intensité énergétique de l'économie chinoise devrait décroître de 15% entre 2016 et 2020. C'est un objectif légèrement inférieur celui des deux plans précédents (-16%) d'autant qu'ils avaient été dépassés (-18.2% pendant le 12e plan).
Des efforts accrus sur les émissions de gaz à effet de serre
Le recul de l'intensité carbone, c'est-à-dire la quantité de gaz à effet de serre nécessaire pour produire un renminbi de richesse, devrait lui s'accélérer par rapport à la période précédente. L'intensité carbone de l'économie chinoise devrait baisser de 18% entre 2016 et 2020. Pendant le plan précédent, l'objectif était fixé à -17% sur 5 ans et il a été largement dépassé (-20%).
Compte-tenu des prévisions de croissances, cette baisse de l'intensité carbone conduit encore à une augmentation sensible des émissions. Celles-ci devraient croitre entre 12 et 15% entre 2020 et 2015.
Malgré cette augmentation, la Chine se met sur la voie annoncée dans son INDC : celle-ci prévoyait une baisse de 60 à 65% de l'intensité carbone entre 2005 et 2030, en 2020 le pays devrait en être à -48%.
Conséquence logique, le développement des énergies bas-carbone va s'accélérer : les énergies "non-fossiles" (renouvelables + nucléaire) devrait représenter 15% du mix énergétique chinois en 2020 contre 12% en 2015 (l'objectif fixé par le 12e plan était de 11.4%). Là encore, l'essentiel du chemin sera fait vers l'engagement de 20% pris avant la COP21.
Le plan quinquennal ne donne pas de détail sur la part des différentes énergies. Celles-ci devraient être précisées dans des sous-plans publiés dans les prochains mois. Le gouvernement chinois a déjà promis des nouvelles capacités de 150GW en solaire et 250GW en éolien d'ici à 2020.
Simultanément, la consommation de charbon devrait baisser. Les centrales chinoises affichent un taux de charge particulièrement mauvais (4329 heures de fonctionnement en moyenne en 2015) et les autorités s'efforcent de réduire les surcapacités.
Pollution et infrastructures
En dehors des émissions de gaz à effet de serre, le 13e plan quinquennal s'attaque à la pollution, en particulier aux polluants atmosphériques : les émissions de dioxyde de souffre (SO2) et d'oxyde d'azote (NOx) devront baisser de 15%, les taux de particules fines (PM2.5) de 18%. Ces objectifs font suite à la révision de la loi sur la protection de l'environnement qui avait considérablement renforcé les sanctions pour les pollueurs fin 2015.
La pollution atmosphérique est devenu un enjeu sanitaire majeur dans les grandes villes et les chinois poussent leur gouvernement à l'action. De façon significative, le premier ministre Li Keqiang a mis particulièrement l'accent sur cette question dans son discours d'ouverture.
Enfin la Chine va continuer à s'équiper à grande vitesse - parfois en contradiction avec les objectifs précédents : une cinquantaine d'aéroports sont prévus dans des villes moyennes, 30.000km d'autoroute seront construits, le réseau ferroviaires sera étendu notamment le réseau à grande vitesse qui couvrira 80% des grandes villes en 2020 et le réseau urbain qui va croître de 3000km...
D'une manière générale, le 13e plan quinquennal chinois fait le job : il confirme les engagements déjà pris par la Chine et marque son intention de continuer sa transition énergétique et climatique. Mais ces prévisions sont peut-être encore pessimistes : au cours des deux périodes précédentes, les objectifs énergétiques et climatiques ont toujours été atteints et dépassés.
En 2015, la consommation d'énergie chinoise n'a augmenté que de 0.9%, les émissions de carbone liées à l'énergie ont, elles, baissé de 1.5% en raison du recul du charbon. Or depuis le début de l'année, la production de charbon thermique s'est écroulée de 6% ! Le basculement de la Chine vers un modèle plus respectueux de l'environnement est peut-être plus avancé qu'on le croit...
Publié le 31 mars 2016 par Thibault Laconde
Illustration : Par Alex Gindin [CC0], via Wikimedia Commons
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