Friday, January 18, 2013

La crise grecque est aussi une crise énergétique article invité


(Dans un long article publié le 8 juillet sur son blog et intitulé "What Greece, Cyprus, and Puerto Rico Have in Common", Gail Tverberg décortique le rôle de l'énergie dans la situation de la Grèce. Avec son aimable autorisation, je reproduis ici une traduction en Français de ce texte)

Quel est le point commun entre la Grèce, Chypre et Puerto Rico ? Oui, bien sur ! De graves problèmes financiers. Mais il y a autre chose : ils sont tous très dépendants du pétrole. La figure 1 montre la part du pétrole dans le mix énergétique des pays européens en 2006.

Figure 1. Part du pétrole dans la consommation totale d'énergie en 2006, (d’après Energy information data, juin 2015)

La Grèce et Chypre sont en haut ce tableau. Les autres "PIIGS" (Irlande, Espagne, Italie, et Portugal) viennent juste après. Puerto Rico n’est pas européen et donc absent de la figure 1, mais s’il était présentés dans ce tableau, il apparaitrait entre la Grèce et Chypre – avec une part de pétrole dans son mix énergétique de 98,4% en 2006. L'année 2006 a été choisie pour donner une image de la situation avant le krach de 2008. Les pourcentages sont un peu plus bas aujourd'hui, mais les ordres de grandeurs restent les mêmes.

"En plus de leurs difficultés financières, la Grèce, Chypre et les "PIIGS" ont en commun une forte dépendance au pétrole."



Pourquoi la part du pétrole dans leurs consommations d’énergie est-elle un problème pour ces pays ? Leur problème, semble-t-il, est un problème de compétitivité (ou de non-compétitivité) sur le marché mondial. Il y a des années, disons dans les années 1900, lorsque les pays ont construit leurs infrastructures, le prix du pétrole était beaucoup plus bas qu'aujourd'hui - moins de 20 dollars par baril (même en tenant compte de l'inflation). Entre 1985 et 2000 il y a eu une autre période où les prix étaient inférieurs à 40$ le baril. À l'époque, le prix du pétrole était proche du prix des autres énergies, un mix énergétique tourné vers le pétrole n’était donc pas un problème.

Figure 2. Evolution des cours mondiaux du pétrole en dollars de 2014 (D’après BP Statistical Review of World History 2015).

Les prix du pétrole sont maintenant autour 60$ le baril, ce qui reste élevé par rapport aux moyennes historiques. Et les ennuis financiers de ces pays ont commencé il y a quelques années alors que les cours étaient plutôt aux alentours de 100$ le baril.
Pendant que les pays largement dépendants du pétrole peinent, d’autres utilisant majoritairement des combustibles fossiles bon marché ont des économies florissantes. La Chine, par exemple, a connu une croissance rapide au cours des dernières années. En 2006, la part du pétrole dans son mix énergétique était seulement de 23,0%, ce qui la situerait entre la Norvège et la Pologne tout en bas de la figure 1.

Regardons un peu à ce qu'il faut pour qu’une économie pour produire de la croissance, et ce qui va mal dans les pays où l’énergie est chère. Précisons que le prix de l’énergie peut augmenter pour de multiples raisons, pas uniquement parce que le mix est axé vers le pétrole. D'autres causes possibles peuvent être un pourcentage élevé de sources d'énergie renouvelables onéreuses ou les prix élevés du gaz naturel liquéfié (GNL). La raison n'a pas vraiment d'importance un prix élevé de l’énergie est un problème, quelle qu’en soit sa cause.


Ce dont une économie a besoin pour croitre


Voici, de mon point de vue, ce qu’il faut à une économie pour connaitre la croissance :

1. Une offre croissante d’énergie, produite localement ou achetée sur le marché mondial, est nécessaire pour une économie de croître.

Pourquoi ? Parce qu’il faut de l'énergie (humaine mais aussi sous d’autres formes) pour produire des biens ou des services.

L’énergie musculaire ne produit plus guère d’emplois aujourd’hui. Les postes bien rémunérés, par exemple conduire un bulldozer, produire de grandes quantités de nourriture dans une ferme à l'aide d'équipements modernes, ou utiliser un ordinateur, ont tous besoin d'énergie supplémentaire en plus de l'énergie humaine. Il serait possible de créer des emplois utilisant essentiellement de l’énergie d’origine humaine (par exemple réaliser une comptabilité manuelle sans électricité ni ordinateur, produire de la nourriture sans équipement moderne, ou creuser les fossés avec des pelles) mais ces emplois ont tendance à être très mal payés parce que la production par heure travaillée est généralement faible.
Pour créer de l’emploi, une offre croissante de produits énergétiques permettant de tirer un meilleur parti du travail humain est nécessaire. En observant l'économie mondiale, nous pouvons voir que, historiquement, la croissance de la consommation d'énergie est fortement corrélée avec la croissance économique.

Figure 3. PIB mondial en dollars de 2010 (d’après USDA) vs. consommation mondiale d'énergie (d’après BP Statistical Review of World Energy 2014).

En fait, il nous faut de plus en plus d’énergie pour produire un point de croissance parce que la droite tracée à la figure précédente coupe l’axe des y à -17,394 et non à l’origine :

En 1969, 1% d’énergie en plus permettait de faire croitre le PIB de 2,2%. Aujourd’hui ce n'est plus que 1,2%."



C’est une triste réalité. En dépit de tous nos efforts pour améliorer l’efficacité énergétique, nous avons besoin d’une croissance de plus en plus forte de notre consommation d’énergie pour produire le même niveau de croissance du PIB. C’est une situation regrettable dont nos dirigeants ne parlent jamais. Ils préfèrent en général souligner que la croissance du PIB reste légèrement plus élevée que la croissance de la consommation d'énergie.

2. Cette offre croissante d'énergie doit être peu coûteuse pour pouvoir créer des produits compétitifs sur le marché mondial.

L'énergie humaine est par nature une énergie onéreuse. Les humains ont besoin de nourriture, d’eau, de vêtements et de logement pour répondre à leurs besoins biologiques... Nous ne somment pas adaptées à la consommation d'aliments crus, ou à la vie dans des climats très froids sauf si nous sommes correctement équipés. Par conséquent, les salaires doivent être suffisamment élevés pour couvrir tous ces coûts.

L'apport d'énergie supplémentaire bon marché permet d'obtenir un effet de levier important, beaucoup plus que si l'énergie est onéreuse. Si nous pouvons rentabiliser l'énergie humaine avec une énergie peu couteuse comme les combustibles fossiles ou le bois, il est facile de faire baisser les coûts. (Un coût moyen de l'énergie peut être calculé par calorie ou BTU, avec la somme de l'énergie fournie par le travail humain plus l’apport des énergies supplémentaires.) Si au contraire, l'énergie supplémentaire est elle aussi couteuse, il est très difficile de faire baisser ce coût moyen. Voilà pourquoi le prix élevé du pétrole, ou le prix élevé de n’importe quelle énergie, est un problème.

Si l'énergie humaine peut être rentabilisée avec une quantité croissante d’énergie bon marché, elle peut produire une quantité croissante de biens et de services, à des prix décroissants. En fait, c’est la recette de la croissance économique. La valeur ajoutée produite peut irriguer de nombreux secteurs de l'économie, y compris les finances publiques, les hauts et bas salaires, le remboursement des prêts, et le payement de dividendes aux actionnaires. Si il y a suffisamment de biens et services produits grâce à cet effet de levier, tous les secteurs de l'économie peuvent obtenir une part raisonnable, et tous peuvent prospérer.
S’il n'y a pas assez pour tout le monde, alors des déficits vont probablement apparaitre dans de nombreux secteurs de l'économie. Il deviendra sans doute difficile de trouver des emplois bien rémunérés. Les gouvernements auront probablement des difficultés à équilibrer leurs budgets. Ils devront peut-être réduire les taux d'intérêt, ou prendre d'autres mesures pour soutenir les entreprises. Même avec des taux d'intérêt plus bas, les risques de défauts deviendront un problème (voir l’article Why We Have an Oversupply of Almost Everything). L'ensemble de l'économie aura tendance à aller mal.

Dans leur article Accounting for Growth: The Role of Physical Role of Physical Work, Ayres et Warr fournissent une illustration de la façon dont un approvisionnement croissant en énergie bon marché peut conduire à une plus grande consommation de cette énergie, dans ce cas l’électricité.

Figure 4. Ayres et Warr prix et demande d’électricité (source : Accounting for Growth: The Role of Physical Role of Physical Work)
Il y a une raison logique pour laquelle la baisse des prix de l'énergie conduit à son utilisation croissante. Si une personne peut se permettre d'acheter, par exemple, 100$ d'énergie et que le coût est de 1$ par unité, elle achètera 100 unités. Si le coût est de 5$ par unité, elle ne pourra acheter que 20 unités d'énergie. Si c’est l’énergie qui permet la croissance de la production (en transportant des biens plus loin ou en faisant fonctionner une machine plus longtemps), alors un prix de l'énergie plus bas conduit à une consommation d’énergie plus élevée, qui elle-même entraine une croissance de la production. La valeur ajoutée produite est souvent partagée avec les travailleurs sous la forme de salaires plus élevés en contrepartie des "gains de productivité" (en fait liés à la mobilisation d’une énergie bon marché).

Concernant le coût de la production d'énergie, il y a deux moteurs tirant dans des directions contradictoires. Dans un sens, il y a les économies réalisées grace au progrès technologique. Dans l'autre, il y a la croissance des coûts d'extraction parce que les entreprises ont tendance à extraire la ressource la moins chère en premier. A mesure que les ressources les plus facilement accessibles s’épuisent, le coût d'extraction a tendance à augmenter. Nous pouvons voir sur la figure 2 que le prix du pétrole a connu un premier pic dans les années 1970. Après quelques «correctifs» temporaires (recul de la production d’électricité et du chauffage au fioul et mise en exploitation de nouvelles ressources en Alaska, au Mexique et dans la Mer du Nord), le problème a semblé résolu pour un moment. Il est réapparu au début des années 2000, et persiste aujourd’hui. Ainsi, la hausse des coûts d’extraction semble l’emporter. [1]

Au moment où les prix du pétrole ont grimpé, la Grèce et d'autres pays chez qui il représentait toujours une part importante du mix énergétique ont étaient handicapés parce que leurs produits ont eu tendance à devenir trop coûteux pour les consommateurs - leurs salaires ayant progressé moins vite que les coûts de l’énergie. Les touristes ne pouvaient plus s’offrir un billet d’avion ou une croisière, dont les prix sont corrélés à celui du pétrole. Et même lorsque les prix du pétrole ont chuté récemment, les compagnies aériennes n’ont pas réduit le prix des billets d'avion pour tenir compte de leurs économies.
Comme les coûts liés à l’énergie ont augmenté, les coûts de fabrication ont également eu tendance à s’élever. Avec moins de tourisme et moins d’opportunités à l’export, le nombre d'emplois bien rémunérés s’est réduit. Sans suffisamment d'emplois bien rémunérés, la demande grecque en énergie de toutes sortes a chuté rapidement. (La demande reflète la quantité de biens qu’une personne veut et peut se permettre d’acheter. Les jeunes sans emploi vivent avec leurs parents, et donc n’achètent pas de nouvelles maisons ou de voitures, abaissant la consommation.)

Figure 5. Consommation d’énergie grecque par source (d’après BP Statistical Review of World Energy mondiale, 2015).

D'autres pays qui étaient en position de produire d'énormes quantités d'énergie bon marché ont pu continuer à croître. Le grand gagnant a été la Chine : elle a été capable d’augmenter rapidement et à bon compte ses approvisionnement en charbon après être entrée dans l'Organisation mondiale du commerce en 2001. Si la Grèce voulait augmenter sa production, elle devrait être en mesure de faire concurrence à la Chine et aux autres exportateurs.

Figure 6. Consommation d'énergie chinoise par source (d’après BP Statistical Review of World Energy mondiale, 2015).


3. Si l'alimentation en énergie est bon marché, peu importe qu’elle soit produite localement ou importée.

Si un pays est contraint d’utiliser une énergie couteuse, la produire localement est « moins mauvais » que d’avoir à l’importer mais ne suffit pas à résoudre le problème.

Si une offre croissante d'énergie bon marché est disponible, elle peut être utilisée pour tirer parti de la main-d'œuvre locale et fabriquer des produits compétitifs. Cela fonctionne bien, peu importe que l'énergie en question soit importée ou non. C’est justement parce que l’énergie importée "fonctionne" que de nombreuses nations insulaires (y compris Chypre et Puerto Rico) ont été en mesure de développer leurs économies en utilisant le pétrole comme énergie principale. Ces pays insulaires n'ont généralement pas accès au gaz naturel, sauf à importer à grand prix du GNL. Le charbon et le nucléaire sont aussi difficiles à utiliser, car les centrales sont généralement trop importantes pour être commodes sur une petite île. Le pétrole, lui, a fait le job, même lorsqu’il a fallu l’importer.

La Grèce comprend 227 îles habitées, elle est donc confrontée peu ou prou aux mêmes problèmes qu’un Etat insulaire. Lorsque le pétrole était bon marché, il offrait une solution facile. Il pouvait être utilisé pour la production d'électricité et pour de nombreux procédés qui nécessitent de la chaleur - cuisson, teinture de tissus, fabrication de briques et recyclage des métaux.

Si un pays utilise du pétrole importé, une fois que les cours augmentent il n’y a pratiquement rien à faire pour résoudre le problème. La dévaluation de la monnaie ne fonctionne pas, car cela augmenterait le prix du pétrole dans la nouvelle monnaie dévaluée. Par conséquent, les produits nationaux ne gagneraient pas en compétitivité même après la dévaluation. De plus, la dévaluation rendrait aussi plus chers d'autres produits énergétiques importés, comme le gaz naturel liquéfié et les panneaux solaires photovoltaïques.

"Une sortie de l'euro et une dévaluation ne resoudraient pas les problèmes énergétiques à l'origine de la crise grecque."



En ce qui concerne les énergies renouvelables déjà installées, les coûts de fonctionnement sont pour l’essentiel les paiements des emprunts contractés pour leurs installations. La façon dont une dévaluation influencerait ces payements dépend de la monnaie dans laquelle la dette est libellée. Si c’est dans la monnaie du pays, ils ne seront pas affectés (donc la dévaluation ne permettra pas de réduire les coûts). Si c’est dans une autre devise (comme le dollar ou l’euro), la dévaluation de la monnaie va augmenter le coût des énergies renouvelables, rendant les prêts plus difficiles à rembourser.

Même pour un pays exportateur comme l'Arabie Saoudite, un prix élevé du pétrole est un problème, pour plusieurs raisons:
  1. Si l'exportateur de pétrole utilise une partie de son pétrole lui-même, le revenu qui aurait été généré par sa vente à l'étranger est perdu. Le gouvernement peut être en mesure d'acquérir du pétrole pour les coûts d'extraction, mais il perd le revenu supplémentaire qu'il gagnerait en le vendant à l'étranger. Ce chiffre d'affaires pourrait être utilisé pour financer des programmes gouvernementaux et de nouveaux investissements dans la production.
  2. Les pays importateurs ont tendance à voir leur économie déprimée par une hausse des cours du pétrole, ce qui réduit leur demande. Ainsi, les exportations de pétrole baissent à leur tour.
  3. Le prix du pétrole peut redescendre (et, en effet, il a déjà chuté et pourrait continuer) en raison de la faible demande. Avec des prix bas, il devient difficile pour les exportateurs de collecter suffisamment de revenus pour équilibrer leurs budget et développer de nouvelles ressources.

Si le prix du pétrole est élevé, il est "moins mauvais" qu’il soit produit localement plutôt qu’importé parce que les emplois liés à la production resteront dans le pays, ce qui est un avantage en soi. En cas de dévaluation, les coûts salariaux et les autres coûts locaux seront plus faibles, ce qui rendra l’énergie moins chère à produire. Malheureusement, les coûts de production (y compris les impôts indispensables pour le maintien des services publics) peuvent se retrouver au-dessus du cours mondial en raison de la demande déprimée.

4. La dette contribue à augmenter la demande de biens. Mais pour qu’elle soit remboursable, ces produits doivent être fabriqués avec une énergie bon marché.

S’endetter peut aider mais uniquement si cela permet de vendre dans de bonnes conditions plus de biens et de services sur le marché mondial. La Grèce a accumulé les dettes, mais n'a pas été en mesure de les utiliser pour créer des produits suffisamment bon marché pour être compétitifs.

La Chine n’a pas hésité à s’endetter pour financer les projets industriels et les logements qu’elle a bâtis grâce à son charbon. Il ne fait aucun doute que la croissance de la dette de la Chine a joué un rôle majeur dans l’accélération de la production de charbon. Maintenant, la consommation de charbon chinoise ralentit pour plusieurs raisons, notamment les surcapacités industrielles, la pollution et le coût élevé de l’extraction. Ce ralentissement de la consommation d'énergie entraine un ralentissement de la croissance économique, et pourrait même conduire à un crash brutal.
La Grèce a vu sa dette croitre mais cela ne lui a pas permis d’accéder à de nouvelles sources d’énergie. Au lieu de cela, une grande partie de la dette grecque semble avoir servi au renflouement des banques. Cela ne nous dit pas vraiment quel est ou était le problème de son économie au début de la crise. Je soutiens cependant que le prix élevé de l’énergie rend difficile la production de biens ou de services capable de rivaliser sur le marché mondial, ce qui est au moins une partie du problème. Le résultat est que les entreprises, quelque soit l’utilisation qu’elles fassent des fonds empruntés, ne parviennent pas à être rentables.

Le gouvernement grec cherche à résoudre les problèmes du pays avec des programmes qui sont financés par la dette. Les subventions cachées semblent exister dans plusieurs entreprises publique du domaine de l’énergie : Public Power Corporation of Greece (le plus grand électricien du pays), Hellenic Petroleum, DEPA Natural Gas, et l’opérateur de réseau SMAIE. La privatisation de ces entreprises a été proposée pour en améliorer la gestion. Qu’elles soient ou non bien gérées actuellement, je pense qu’il leur sera très difficile de devenir rentables tout simplement en raison du prix de leurs productions et de la baisse de pouvoir d’achat des travailleurs. Ce problème est lié au coût élevé de leurs intrants.

Il y a eu quelques propositions pour tenter de réduire le prix de l’énergie, y compris la proposition d’une nouvelle centrale électrique au lignite. Il y a aussi un plan pour connecter quatre des îles au réseau électrique, de sorte qu’elles ne dépendraient plus de centrales au fioul. Même si ces projets sont mis en œuvre, il n’est pas évident que le prix de l’énergie puisse baisser suffisamment en Grèce pour produire des biens qui soient compétitifs sur le marché mondial. Une chose est par ailleurs certaine : les avions et les navires de croisière fonctionne au pétrole, pas à l’électricité ou au lignite, ils ne bénéficieront donc pas de ces projets.
De mon point de vue, la dette de la Grèce doit être annulée. Il est impossible que le pays puisse changer son système et la rembourser mais la Grèce serait peut-être en mesure de supporter de nouveaux emprunts destinés à réduire le coût de son énergie.


Conclusion


La plupart des gens ne comprennent pas que l’économie mondiale repose sur une énergie à bas coût. Une énergie onéreuse ne peut pas la remplacer même si elle est "bas carbone" ou prétend disposer d’un EROEI (taux de retour énergétique) raisonnable. Notre économie est sensible aux prix et au cours, même si le débat actuel "politiquement correct" ne tient pas compte de ces questions.

Actuellement, nos économies ne peuvent pas non plus se passer d'approvisionnement en énergie. Les humains ne se sont jamais reposés uniquement sur leur énergie musculaire depuis l’âge des chasseurs-cueilleurs, lorsque nous avons appris à maitriser le feu : une énergie supplémentaire est toujours nécessaire. En fait, il semble que ce soit l'utilisation de grandes quantités d'énergie supplémentaire qui nous permette de soutenir une population mondiale de plus de 7 milliards de personnes.

Étant donné que l'économie mondiale fonctionne à l'énergie "pas chère", de nouvelles ressources en énergie chère, aussi vertes soient-elles, ne résout pas les problèmes financiers d'un pays. Au contraire, elles tendent à les aggraver. Il est impossible de produire des biens et services qui sont compétitifs sur le marché mondial avec une énergie onéreuse. En fait, il est peu probable qu’une énergie couteuse puisse générer des profits assez élevés pour soutenir notre système, c’est-à-dire payer des impôts suffisants pour entretenir les services publics indispensables, tels que les écoles et les routes. Lorsqu’elle est couteuse, l'énergie tend plutôt à absorber des subventions gouvernementales, à la fois pour construire les installations et pour aider les consommateurs à payer leurs factures.

La Grèce a manifestement beaucoup de problèmes en dehors du coût élevé de l'énergie, y compris des pensions excessives et des sociétés publiques inefficaces. Dans une certaine mesure, je pense que ces autres problèmes reflètent la difficulté de créer des produits susceptibles de rivaliser sur le marché mondial. Si leurs entreprises ne peuvent pas devenir compétitives dans l’économie mondiale, je peux comprendre pourquoi les gouvernants grecs tentent à tous prix de maintenir le système actuel, c’est-à-dire ajouter de la dette à la dette afin de maintenir le niveau trop élevés des salaire dans les entreprises publiques et des programmes de retraite trop généreux.

Un avantage de la Grèce est de disposer d’un climat relativement chaud et d’une bonne expérience lorsqu’il s’agit de faire plus avec peu d’énergie supplémentaire. La Grèce antique était connue pour sa philosophie, sa littérature et son théâtre, sa musique et sa danse, sa science et sa technologie et l’art et l'architecture. L’Europe du Nord, en raison de son climat froid, n'a pas pu faire grand-chose jusqu'à ce que la tourbe et le charbon lui apporte suffisamment d’énergie. Une fois qu’elle a eu accès à ce supplément d’énergie à bas prix, l'Europe du Nord a été en mesure de s'industrialiser, tandis que l'Europe du Sud restait à la traîne. Si à l’avenir l’utilisation d’énergie fossiles devenait plus difficile, peut-être que l'avantage reviendra à nouveau aux habitants des climats suffisamment chauds pour pouvoir pratiquement vivre sans énergie d'appoint.

Note:
[1] La hausse des coûts de production du pétrole n’entraine pas nécessairement une hausse comparable de son prix. En effet, les cours sont tombés en dessous des coûts de production parce que ceux-ci sont désormais trop élevés par rapport aux salaires ce qui rend le pétrole inabordable. C’est un fait important, susceptible d’entrainer un effondrement du système. Voir par exemple mon post :  Ten Reasons Why a Severe Drop in Oil Prices is a Problem.

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Continuer la lecture sur ce sujet :
  • Quels liens entre croissance et énergie ?
  • L'efficacité énergétique sauvera-t-elle nos économies ? 
  • Taux de retour énergétique : combien d'énergie faut-il pour produire de l'énergie ?


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Illustration : By Andrew Ciscel (originally posted to Flickr as LaRouche supporters) [CC-BY-SA-2.0], via Wikimedia Commons


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